LVIII. Pour enterrer la Lune.

L X V I I I -  Pour Enterrer la Lune…

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J'ai minuit dans les veines,
La lune au fond des yeux
Et j'ai tissé mes cieux
Dans le vide des plaines
Aux horizons d'adieux
Cendrés de larmes vaines…

Si l'été se fait terre
Pour couvrir mon cercueil,
L'hiver se fera deuil
Sur l'ombre délétère
Qui brille dans mon œil
Où la peur doit se taire.

Ma peau, comme une absence
Sur l'éclat des douleurs,
Étincelle des pleurs
Qui disent le silence
Délavé des couleurs
En toiles d'existence !

Et l'angoisse fragile
Se brise entre mes doigts
En cristaux de feu froid
Quand la braise immobile
S'essouffle de ma voix
Où saigne l'inutile…

Une ligne de fuite
Se terre dans ma main
Où meurt un lendemain
À l'attente sans suite
Qui croise mes chemins
Sur un sol anthracite…

Les vagues sont désertes
Et portent mon regard
Au loin des cauchemars
Qui mènent à ma perte,
Mon âge est en retard,
La blessure est ouverte.

La tombe grise est close
Sur mon rêve effacé,
Un frisson s'est tracé
Comme un lambeau de rose
Dans le jardin glacé
De ma chair en hypnose.

Pour effacer la lune
J'ai déplacé le ciel
Vide de l'essentiel,
J'ai repoussé des dunes
De sables et de sel
Pour enterrer la lune…

l
u
n
e
s